Au fait, c’est quoi être pasteur ?
Quand notre pasteur Serge M. nous en dit un peu plus au sujet de son ministère
- Es-tu issu d’une famille chrétienne ?
Oui, mes parents étaient tous deux engagés. Depuis tout petit, j’ai grandi dans la foi. A l’âge de 16 ans, j’ai quitté l’église pour faire mes propres expériences sans Dieu. J’ai tenté de trouver la vérité ailleurs mais tout était éphémère. Finalement je me suis souvenu de tout ce qu’on m’avait enseigné dans mon enfance et je suis revenu à Dieu à mes 18 ans. - Quand et comment as-tu eu l’appel pour devenir pasteur ?
Il faut savoir qu’on ne devient pas pasteur en un claquement de doigt. Ça a été un long cheminement. A l’époque, je travaillais dans l’entreprise familiale depuis seize ans. En février 1990, lors d’un temps de prière, le Seigneur m’a montré que je devais prendre un chemin différent. Le lendemain, Dieu m’a confirmé que je devais arrêter les affaires car Il avait d’autres projets pour moi. Suite à cela, pendant deux ans, j’ai cheminé avec mon pasteur. L’église a alors vraiment réalisé que j’avais un appel et elle m’a envoyé me former. Les anciens m’ont fortement soutenu dans la prière. - Quelle formation as-tu suivi ?
J’ai été à l’Institut Biblique de Genève pendant quatre ans. C’est une formation très pratique. C’est l’union des églises arméniennes qui a financé intégralement mon cursus. L’église avait vraiment la vision de m’envoyer et me soutenir en tant que serviteur. Sachant que j’avais arrêté mes études à l’âge de dix-huit ans, les trois premiers mois à l’institut étaient très difficiles pour moi. Mais quand on a un objectif à atteindre, on met tous les moyens pour y arriver. Dieu nous aide alors à rentrer dans notre appel. - Y-a-t-il eu une période de lutter avant de répondre à cet appel sachant la responsabilité qu’il implique ?
Ce n’est jamais simple de répondre à un appel. Dans mon cas, il s’agissait de quitter tout un passé que j’avais bien construit. J’avais d’ailleurs la possibilité d’aller plus loin professionnellement. J’ai du abandonner le confort matériel pour revenir à des choses plus basiques. J’étais déjà marié avec Silvia et père deux fois. Ma femme a dû rester à la maison pour s’occuper des enfants et je les voyais que toutes les trois semaines. Au final, pendant quatre ans, nous avons vécu par la foi. Je n’avais pas de salaire mais le Seigneur a pourvu en tout temps. Nous n’avons manqué de rien. - A quoi ressemble une journée type de pasteur ?
Ce n’est pas possible de stéréotypé une semaine de pasteur. Les journées sont très différentes les unes des autres.En temps normal, le matin je passe un moment avec le Seigneur dans sa Parole et la prière. Ensuite, je vais dans mon bureau pour gérer toutes les préparations et la gestion. L’après-midi, je suis sur le terrain. Je visite les personnes âgées, les malades,etc. Le soir, je suis invité chez les frères et sœurs quand les portes sont ouvertes. Là encore, une relation de confiance est nécessaire pour que je puisse œuvrer. Dans tout cela, s’ajoutent aussi les diverses réunions liées à l’activité de l’église (conseils, anciens, etc.). C’est très variable. D’un moment à l’autre, je peux être appelé pour un impératif comme un décès ou autre. - Te considères-tu comme pasteur 24h/24 ? Comment gères-tu l’équilibre entre ton ministère et ta vie de famille ?
Dans ma famille, j’endosse le rôle de père et d’époux. Dans la vie quotidienne, il m’arrive d’avoir des échanges à l’extérieur sans forcément porter ce titre de pasteur.
Face aux impératifs des frères et sœurs, si on me téléphone, peu importe l’heure, je me rends disponible. Je suis pasteur et mon rôle est quand même de prendre soin du peuple de Dieu. C’est pour cela qu’il est important de me tenir au courant dès qu’un besoin se présente. - A quels défis les pasteurs sont-il confrontés ?
Le plus gros défi du pasteur est de savoir gérer ses ardeurs par rapport à la vision qu’il a afin de donner la possibilité aux autres de s’exprimer et d’avancer. Des fois, on peut proposer des choses et se retrouver tout seul car derrière personne ne suit. Il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas trop de décalage entre la vision du pasteur et celle de l’église.Pour cela, il est nécessaire d’avoir vraiment une équipe soudée qui avance dans la même direction et voit les choses de la même façon.
Le deuxième défi est d’instaurer un réel climat de confiance pour que chacun puisse s’ouvrir librement au pasteur. - Peut-on être pasteur et célibataire ? Que t’apporte ta femme dans ton ministère ?
Je pense que l’on peut être pasteur et célibataire. En revanche, un pasteur avec ce statut peut se retrouver plus exposé car il doit également s’occuper des soeurs de l’église. Dans un couple pastoral, la femme accompagne, averti et épaule son mari. Les conseils de Silvia ont pour moi toujours été très importants. Je n’aurais certainement pas pu être aussi efficace qu’elle dans son implication auprès des femmes. - Cite-nous trois qualités nécessaires pour être pasteur.
–L’appel. C’est la qualité primordiale. Un pasteur doit savoir pourquoi il a été appelé. Il a reçu une autorité venant de Dieu qui lui donne toutes les instructions à suivre. C’est Lui qui lui dit d’aller dans telle direction ou une autre
–L’écoute. il est nécessaire de ne pas toujours parler et laisser l’autre s’exprimer
–La maîtrise de soi. Tout en étant ferme, il faut que le pasteur sache faire preuve de tempérance pour gérer au mieux le relationnel. Sur ce point-là, il y a eu un grand travail que le Seigneur a dû faire en moi car j’étais plutôt du genre à partir au quart de tour pour dire ce que je pensais. - Quand tu n’étais pas encore dans le ministère, y-a-t-il des choses (bonnes ou mauvaises) que tu n’aurais jamais imaginé qu’un pasteur pourrait vivre ?
Oui, surtout au niveau relationnel. Parfois le pasteur est perçu comme un surhomme avec l’auréole que nul ne peut approcher. De ce fait, des questions pertinentes ne me sont pas posées parce que je ne suis pas approché. - Qu’est ce que cela t’apporte d’être pasteur ?
C’est avant tout la joie du ministère, de voir les frères et sœurs réunis, de voir des avancements dans le royaume. Il y a aussi la joie d’aimer les membres de l’église, de partager et de discuter avec eux. L’église peut avoir telle qualité ou tel défaut certes, (c’était aussi le cas des églises du Nouveau Testament) mais il s’agit quand même du corps de Christ. - As-tu un référant ? Si oui, quelle place occupe-t-il dans ta vie ?
Oui, j’ai un référant dans l’Association Baptiste. Il y a aussi le pasteur qui m’a toujours suivi depuis le début de mon ministère. Dans différentes situations, il m’est arrivé de l’appeler pour lui demander des conseils pour mener à bien mon ministère. - Comment obtient-on la vision pour une église ?
Pour amener l’église vers un objectif, il est nécessaire de prier ensemble, d’avoir un appel précis, de se préparer en travaillant avec les équipes en place.Cela doit impliquer toute l’église et non un petit groupe d’individus. - Si tu avais un mot pour l’église, quel serait-il ?
L’église de Villiers-Le-Bel possède tous les dons et a un très grand potentiel. Il faut néanmoins que chaque frère et sœur puisse avoir le bon discernement pour faire avancer les choses.